Les Chinois aiment manger du requin… Mais l’espèce est menacée selon l’organisation WildAid. Pour les sensibiliser à un changement d’habitude alimentaire, l’ONG a engagé la star du basket Yao Ming.

Il était entré ceinturé de gardes pour assurer sa sécurité. Menacé Yao Ming ? Peut-être. Sûrement pas autant que les requins qu’il était venu défendre au Grand Hyatt Hotel de Pékin. Cinq étoiles et trois stars réunies avec lui pour sensibiliser au problème de la surconsommation d’ailerons en Chine.
Le grand Yao et ses 2 mètres 26 donc, mais aussi Li Ning, triple médaillé d’or aux JO de Los Angeles et Liu Huan, chanteur ultra-populaire du pays, s’étaient assis autour de Steve Trent, le président-fondateur de l’association WildAid. En parallèle de la WWF, WildAid œuvre pour sensibiliser les consommateurs au trafic d’animaux menacés. Très présente en Asie, là où l’enjeu est de taille, l’association a déjà reçu l’aide de nombreuses stars chinoises, parmi lesquelles Jackie Chan, Tony Leung, Zhang Ziyi, Ang Lee ou Michelle Yeoh.
Ce jour-là, avec Yao Ming, Steve Trent avait décidé de frapper très fort. Le basketteur chinois est tout simplement le personnage public numéro un en Chine, le pendant national d’un Zinedine Zidane. Ses déplacements sont dignes d’un chef d’Etat et lorsqu’il fait une déclaration, sa parole est d’or. A l’occasion de la conférence de WildAid, son engagement avait été annoncé par un spot publicitaire léché pour la sauvegarde des éléphants. Quelques minutes plus tard, le héros national avait promis à tout un pays de ne plus manger de requin.
100 millions de requins sont pêchés chaque année selon les chiffres de la FAO. Les pêcheurs qui coupent les ailerons des requins avant de les relâcher sont particulièrement dénoncés par WildAid. Sans son aileron, le mammifère est condamné à mourir. Le mets raffiné est servi dans les plus grands restaurants chinois pour des sommes astronomiques. Mais le développement chinois a entraîné une explosion de la demande et la situation est devenue particulièrement alarmante. Dans les océans, la population de requins a baissé de 80 % en 50 ans. 110 espèces sont menacées.
Or, la Chine ne possède aucune législation précise interdisant le filage des ailerons de requin. WildAid ne s’était pas trompé de cible en lançant sa campagne dans le pays. Avec les formes, Steve Trent a tapé sur la Chine et sa tradition culinaire ancestrale. Les Chinois se sont pressés pour l’événement. Grâce à la NBA, la conférence de presse a remporté un franc succès. Après quelques questions polies posées au président de l’association, tous les regards se sont portés sur Yao Ming. Après la conférence, la traditionnelle séance d’interviews planifiée en compagnie du champion a été annulée et le grand chinois a été évacué de façon autoritaire par ses gardes du corps, traqué par les journalistes et les photographes.
Un franc succès d’affluence pour WildAid donc, mais à quel prix. En choisissant le soutien de Yao Ming, l’association anglaise a sûrement pu toucher un large public chinois … pendant un court instant. La préservation de l’écosystème a très vite cédé la place à la starisation qui n’épargne plus la Chine. C’est pourtant le pari de WildAid. A l’opposé des actions concrètes de la WWF, Steve Trent a fixé sa stratégie : utiliser la célébrité pour faire passer un message … Exposer Yao Ming pour laisser les requins tranquilles.