Six Chinois dans le top 10 des artistes les plus côtés du monde, et Picasso qui tombe de son trône. Rue89 présente ce nouveau panthéon qui a modernisé la peinture classique chinoise.

Connaissez-vous Zhang Daqian ? Non ? Cet artiste chinois mort en 1983 a pourtant détrôné Picasso, l’icône absolue de l’art au XX° siècle, sur le marché de l’art en 2011 : 550 millions de dollars pour le Chinois, 315 millions pour le Catalan !
C’est une autre illustration du basculement du monde, avec l’irruption des acheteurs chinois qui ont dominé le marché de l’art mondial l’an dernier, selon les récentes statistiques publiées par le site spécialisé ArtPrice.
Ce qui est remarquable, c’est que les acheteurs chinois n’ont pas fait main basse sur les valeurs sûres de l’art occidental, comme les nouveaux riches d’autres pays non-occidentaux avant eux, mais ont plutôt créé leur propre standard.
C’est ainsi que, selon ArtPrice, six des dix artistes les plus cotés en 2011 sont chinois, ne laissant la place qu’à quatre références de l’art occidental : Andy Warhol (325 millions de dollars), Pablo Picasso (315 millions de dollars), Gerhard Richter (175 millions de dollars) et Francis Bacon (129 millions de dollars)
Toujours aussi étonnant, on ne trouve pas dans les six artistes chinois qui ont « fait » le marché en 2011 les grands noms de l’art contemporain chinois, mais des artistes issus de l’art classique chinois, qui l’ont parfois modernisé. Ils sont tous morts.
L’argent chinois est donc allé conforter la culture chinoise la plus classique, ou alliant classique et modernité, plutôt que d’alimenter la bulle d’un art contemporain qui fait beaucoup parler de lui dans le monde depuis une décennie, atteignant des cotes extravagantes en quelques années.
Les riches Chinois croulent sous les liquidités
Cette reconnaissance internationale ne suffit pas à convaincre de manière significative les nouveaux riches de l’Empire du Milieu, sans doute encouragés par le gouvernement qui fait la guerre à l’influence occidentale dans la culture chinoise, comme l’indiquait un récent discours du président Hu Jintao.
Toujours selon ArtPrice, les Chinois ont été le moteur du marché de l’art en 2011, avec une croissance de 49% de leurs investissements et 41,5% du marché mondial de l’art : les riches Chinois, qui croulent sous les liquidités, ont feu de tout bois, et après l’immobilier, se ruent donc sur les placements dans l’art. Pour preuve, la multiplication des fonds d’investissements spécialisés.
Les six artistes chinois du top ten d’Art Price sont :
Zhang Daqian (550 millions de dollars). Né en 1899, ce peintre s’est d’abord fait connaître en reproduisant, comme il se doit dans un parcours traditionnel, les grandes œuvres de l’art classique chinois, avec un talent tel qu’on a pu confondre l’original et la copie. Avant d’y insuffler sa propre marque, avec des apports de la modernité. Il a exposé à Paris, au Jeu de Paume, en … 1933.
En 1956, il rencontre Picasso à Antibes, et les deux peintres échangent des tableaux. Il meurt en 1983 à Taiwan, mais son œuvre connait un véritable revival depuis quelques années en Chine continentale, avec l’enrichissement d’une élite chinoise.
Qi Baishi (510 millions de dollars). Né en 1864 et mort en 1957, cet artiste autodidacte, issu d’une famille de paysans pauvres du Hunan, a découvert la peinture par le biais de la calligraphie traditionnelle. Il n’a cessé de progresser dans la maîtrise de son art, étant lui aussi exposé à Paris dans les années 30.
Après la victoire de Mao en 1949, son « origine de classe » modeste plaide en sa faveur, et il est récupéré par le régime communiste jusqu’à sa mort, à l’age de 94 ans.
Xu Beihong (220 millions de dollars). Connu en Chine comme le « peintre des chevaux », il a étudié aux Beaux-Arts de Paris dans les années 20, et a créé l’école des Beaux-Arts de Pékin dont l’influence sera considérable. Cet artiste né en 1895 et mort en 1953 jouit d’une popularité très vive en Chine.
Wu Guanzhoug (212 millions de dollars). Né en 1919 et mort récemment, en 2010, cet artiste a lui aussi étudié l’art en France où il a découvert l’impressionnisme (il a même été fait Officier des Arts et Lettres en 1991).
On lui doit une influence importante sur la modernisation des canons de la peinture traditionnelle chinoise. Il a été le premier artiste chinois vivant exposé au British Museum, en 1992.
Fu Baoshi (198 millions de dollars). Né en 1904 et mort en 1965, cet artiste formé au Japon a beaucoup écrit sur l’évolution de la peinture chinoise, tout en révolutionnant les techniques de travail à l’encre de Chine. Il est l’un des artistes chinois majeurs du XXe siècle.
Li Keran (115 millions de dollars). Né en 1907 et mort en 1989, est avant tout un paysagiste qui n’a eu de cesse de moderniser la peinture traditionnelle chinoise avec des apports de techniques européennes. Il est considéré comme un pionnier dans cette approche, et on parle même d’une « école Li »…
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je n’ai pas trouvé en librairie (de province) ni sur internet de livre d’art (beau si possible) reproduisant des peintures de Zhang. Quelqu’un a t il une piste ?
Il y a un beau livre sur QI.
Les autres je ne sais pas
merci
Si la valeur artistique d’une oeuvre n’équivalait qu’à son prix sur les marchés de l’art, nos musées seraient peuplés de « croûtes ». Je ne m’étendrai pas sur le génie de Picasso; ce n’est pas le lieu pour le faire. Mais, de grâce, évitez les titres puérils.
Merci Nogueiras pour ce commentaire très juste 🙂
http://www.paphoto.fr/
http://violonlille.canalblog.com/